Comprendre le statut de salarié protégé
Lorsqu’une entreprise entre en liquidation judiciaire, tous les contrats de travail peuvent être rompus.
Mais certains salariés bénéficient d’une protection légale renforcée : ce sont les salariés dits « protégés ».
Ce statut concerne notamment les délégués syndicaux, les élus ou anciens élus du comité social et économique (CSE), les représentants de section syndicale ou encore certains candidats aux élections professionnelles.

Cette protection s’applique même après la fin du mandat, durant une période dite « de protection subséquente », qui peut aller jusqu’à six mois.
L’objectif est clair : éviter les représailles déguisées pour cause d'engagement syndical ou représentatif.
L’employeur – ou ici, le liquidateur judiciaire – ne peut donc pas licencier un salarié protégé comme un autre salarié.
👉 Exemple concret : Stéphane, représentant du personnel dans une PME industrielle, voit son entreprise placée en liquidation judiciaire et salarié. Malgré l’arrêt total d’activité, son licenciement nécessitera l’autorisation explicite de l’inspecteur du travail. Sans cela, il est nul.
Procédure de licenciement en cas de liquidation judiciaire
Même dans le contexte d’une liquidation judiciaire, le licenciement d’un salarié protégé suit un cadre strict, encadré par le Code du travail.
Ce formalisme vise à s’assurer que le droit de représentation du salarié n’est pas sacrifié dans la tourmente économique.
Le rôle du liquidateur judiciaire
Dès l’ouverture de la procédure, c’est le liquidateur judiciaire qui prend la main sur les contrats de travail.
Il peut engager des licenciements, mais pas librement dans le cas d’un salarié protégé. Il doit saisir l’inspection du travail pour obtenir une autorisation préalable.
Cette demande doit inclure :
Les motifs économiques précis justifiant la rupture.
Les mandats détenus par le salarié (connus à la date de l’entretien préalable).
La preuve de l’impossibilité de reclassement.
📌 Dans le cadre d’une liquidation judiciaire et licenciement économique, ces justifications doivent être rigoureusement détaillées.
L’autorisation de l’inspection du travail
L’inspecteur du travail ne peut se contenter du jugement de liquidation.
Il doit vérifier trois conditions cumulatives :
La cessation totale et définitive de l’activité.
L’absence de possibilité de reclassement.
Le caractère non discriminatoire du licenciement.
Ce contrôle est crucial : sans autorisation formelle, le licenciement est considéré comme nul, ce qui ouvre droit à réintégration ou à de lourdes indemnisations.
👉 Astuce utile : Si vous êtes salarié protégé, demandez à consulter la copie de la demande d’autorisation adressée par le liquidateur à l’inspection du travail.
📎 Cette procédure s’applique autant pour une liquidation judiciaire pour un salarié en CDI que pour une liquidation judiciaire pour un salarié en CDD.

Droits et indemnités du salarié protégé licencié
Être licencié en liquidation judiciaire ne signifie pas renoncer à ses droits.
Au contraire, les salariés protégés bénéficient d’un traitement spécifique, notamment sur les plans financier et social.
Les indemnités légales et conventionnelles
Même en cas de faillite, certaines indemnités restent dues :
L’indemnité légale de licenciement, calculée selon l’ancienneté.
L’indemnité compensatrice de préavis, sauf si le salarié est dispensé de l’effectuer.
L’indemnité compensatrice de congés payés, pour les jours non pris.
📌 Les cas de liquidation judiciaire salarié et indemnité sont fréquents et encadrés par l’AGS.
📎 Dans le cadre d’un CDI, l’indemnité de licenciement est également prise en compte.
L’intervention de l’AGS
L’AGS joue un rôle essentiel : elle prend en charge les créances salariales dues avant et après le jugement de liquidation.
Cela inclut notamment :
Les salaires impayés.
Les indemnités de rupture (licenciement, congés, préavis).
Les arriérés de prime ou d’heures supplémentaires.
Exemple concret : Julie, élue suppléante au CSE, voit son contrat rompu suite à la liquidation de son entreprise. Bien que la société soit insolvable, elle reçoit ses indemnités dans les semaines suivantes grâce à l’AGS.
📎 Si le salarié est dispensé d’effectuer son préavis, il peut quand même bénéficier d’une liquidation judiciaire salarié et préavis indemnisé.
Recours en cas de licenciement contesté
Le statut protecteur ne s’arrête pas à la procédure : en cas d’irrégularité, le salarié protégé peut contester son licenciement. Plusieurs voies de recours sont envisageables, chacune avec ses spécificités.
Recours administratif
Si le salarié estime que l’autorisation délivrée par l’inspection du travail est illégale (erreur d’appréciation, violation de la procédure), il peut :
Déposer un recours hiérarchique auprès du ministère du Travail dans un délai de 2 mois.
Introduire un recours contentieux devant le tribunal administratif.
Action devant le conseil de prud’hommes
Parallèlement ou indépendamment, le salarié peut engager une action devant le conseil de prud’hommes.
Cette juridiction est compétente pour juger :
La régularité formelle de la procédure.
Le respect de ses droits par le liquidateur.
L’indemnisation en cas de préjudice.
📌 Une liquidation judiciaire salarié non payé peut être contestée de la même manière que l’absence de respect du statut protecteur.
📎 Attention aussi aux cas de liquidation judiciaire avec licenciement dans les 15 jours, souvent sources d’abus sur les délais.
Conseils pratiques pour les salariés protégés
Lorsqu’on est salarié protégé en situation de liquidation judiciaire, mieux vaut anticiper que subir. Voici quelques réflexes simples mais essentiels pour défendre efficacement ses droits.
Vérifiez la régularité de la procédure
Dès que vous êtes informé de la procédure de liquidation :
Demandez la copie de la demande d’autorisation de licenciement.
Vérifiez que tous vos mandats ont été déclarés et pris en compte.
Si vous n’êtes pas convoqué à un entretien préalable, c’est une alerte.
Préparez-vous à la suite
Le licenciement ouvre droit à certains accompagnements :
Inscrivez-vous rapidement à Pôle Emploi pour ne pas retarder votre indemnisation.
Utilisez vos droits au CPF (compte personnel de formation) pour vous repositionner.
Pensez à faire reconnaître un préjudice si la procédure a été bâclée ou injustifiée.
📌 Une liquidation judiciaire salarié CDI et droits au chômage permet d’activer les allocations sous conditions.
Faites-vous accompagner
Ne restez pas seul face à une procédure complexe.
Vous pouvez :
Contacter un syndicat pour un appui dans vos démarches.
Consulter un avocat spécialisé en droit du travail pour évaluer vos recours.
Vous appuyer sur les ressources proposées par des plateformes expertes comme Legal Rescue.
👉 Conseil utile : Ne jetez aucun courrier ou email de votre employeur ou du liquidateur. Ces pièces peuvent être décisives en cas de contentieux.

Conclusion
Même dans un contexte de faillite, le salarié protégé ne perd pas ses droits.
La liquidation judiciaire ne peut en aucun cas servir de prétexte à un licenciement abusif ou précipité. Des règles précises existent, et des recours sont possibles pour faire respecter la loi.
Si vous êtes concerné, ne vous précipitez pas : vérifiez chaque étape de la procédure, faites-vous accompagner, et surtout, ne restez pas seul.
Chez Legal Rescue, nous savons qu’un chef d’entreprise en difficulté ou un salarié représentant du personnel vit une période de forte tension. Un accompagnement rapide et rigoureux peut faire toute la différence.
Faites valoir vos droits et ne laissez pas la liquidation judiciaire et le licenciement d’un salarié protégé se faire dans la précipitation.