La publicité obligatoire lors d’une cession de fonds de commerce est souvent perçue comme une formalité administrative.
Pourtant, elle conditionne la validité même de la vente et protège les droits des créanciers.
Une erreur ou un oubli peut entraîner l’annulation de l’opération.
Dans cet article, vous allez comprendre pourquoi cette publicité est indispensable, quelles sont les étapes à respecter, les mentions à ne surtout pas oublier, et comment éviter les pièges juridiques qui font capoter tant de cessions.

Pourquoi une publicité est obligatoire lors d’une cession
Lorsqu’un fonds de commerce est vendu, il s’agit d’une cession fonds de commerce encadrée juridiquement.
La loi impose une publicité obligatoire qui ne se limite pas à une formalité : elle vise à garantir la transparence et à protéger les intérêts des tiers.
Objectif légal : informer et protéger les créanciers
La publicité a un double objectif :
Informer les créanciers du vendeur que le fonds va changer de main.
Leur permettre, s’ils estiment être lésés, de faire opposition au paiement du prix de vente dans un délai légal.
Cela garantit que le vendeur ne disparaisse pas avec le produit de la vente sans avoir réglé ses dettes.
📘 Lorsque des salariés sont concernés, leur droit à l’information devient fondamental, comme détaillé dans notre article sur l'information des salariés lors d’une cession de fonds de commerce.
Ce que dit le Code de commerce
Deux articles essentiels encadrent cette obligation :
Article L.141-12 : impose la publication dans un journal d’annonces légales (JAL) dans les 15 jours de la signature.
Article L.141-14 : précise le délai d’opposition de 10 jours à compter de la publication au BODACC.
Ces textes fondent un véritable droit d’alerte pour les créanciers.
Conséquences si cette publicité est oubliée ou incorrecte
Une cession non publiée ou mal publiée peut avoir des conséquences lourdes :
Le créancier peut demander l’annulation de la vente.
Le vendeur peut être poursuivi pour réticence ou fraude.
L’acquéreur peut subir un blocage du prix de vente ou un recours postérieur.
📘 Lors d’une cession de fonds de commerce avant une liquidation judiciaire, le respect de ces obligations de publicité est encore plus crucial pour éviter toute remise en cause de l’opération.

Les deux étapes de la publicité : JAL et BODACC
Toute cession de fonds de commerce et formalités implique une publication double et obligatoire : l’une dans un journal d’annonces légales, l’autre au BODACC.
Ces étapes garantissent l’opposabilité de la cession aux tiers.
Qu’est-ce qu’un Journal d’Annonces Légales (JAL) ?
Le JAL est un journal habilité à publier les annonces légales dans le département où est situé le fonds.
La publication doit avoir lieu dans un délai de 15 jours à compter de la signature de l’acte de vente.
Ce support assure une première diffusion locale et officielle de l’information.
Il permet notamment d’alerter les créanciers de proximité (fournisseurs, bailleurs, prestataires locaux...).
📘 En cas de cession de fonds de commerce avec vente du stock et TVA, la rédaction de l’annonce doit aussi inclure ces mentions spécifiques.
Rôle du BODACC dans la procédure
Le Bulletin Officiel des Annonces Civiles et Commerciales (BODACC) assure une publicité nationale.
C’est le greffe du tribunal de commerce qui s’occupe de cette publication, après enregistrement de la cession de fonds de commerce.
À compter de cette publication, les créanciers disposent de 10 jours pour former opposition au paiement du prix.
Cette étape est donc cruciale : elle ouvre le compte à rebours légal.
Délais légaux et ordre des publications
L’ordre est important :
Signature de l’acte de cession
Publication dans le JAL dans les 15 jours
Enregistrement de l’acte au greffe
Publication au BODACC par le greffe
📘 Ce séquencement est aussi indispensable lors d’une assemblée générale extraordinaire pour une cession de fonds de commerce, où l’approbation formelle précède toute publication.
Mentions obligatoires à faire figurer dans l’annonce
Une annonce de cession de fonds de commerce doit contenir des mentions obligatoires précises pour être juridiquement valable.
Informations sur le vendeur et l’acheteur
Doivent figurer dans l’annonce :
Le nom, prénom (ou raison sociale) et l’adresse du vendeur
Le nom et adresse de l’acquéreur
Le numéro d’immatriculation au RCS des deux parties
📘 Ces données sont d’autant plus importantes à vérifier lorsqu’une cession de fonds de commerce en SARL et fiscalité est en jeu, en raison de règles comptables spécifiques.
Détail du fonds, prix, et lieu d’exploitation
L’annonce doit mentionner :
L’adresse exacte du fonds
Sa nature (type d’activité)
Le prix de vente, avec ventilation éventuelle
📘 La bonne répartition entre éléments corporels et incorporels est à anticiper, surtout en cas de comptabilisation de la cession de fonds de commerce non inscrit à l’actif.
Délai d’opposition des créanciers
L’annonce doit rappeler que :
Les créanciers disposent de 10 jours à compter de la publication au BODACC
L’opposition doit être faite auprès du séquestre
📘 En cas de cession de fonds de commerce avec reprise des salariés et congés payés, ces délais peuvent impacter directement le transfert des contrats de travail.
Risques juridiques et erreurs fréquentes
Sanctions en cas de défaut de publication
En cas d’oubli ou de publication incorrecte :
Le prix peut être bloqué
L’acquéreur peut demander l’annulation de la vente
Le vendeur peut être poursuivi
📘 Un opposition à la cession de fonds de commerce en cas de liquidation judiciaire est un exemple typique d'obstacle fondé sur une erreur de publication.
Exemples concrets de litiges
Un boulanger cède son fonds sans respecter le délai de publication.
Trois semaines plus tard, un créancier forme opposition.
Le prix étant déjà versé, un contentieux s’ouvre.
Autre cas : une annonce publiée dans un journal non habilité. Le greffe refuse l’enregistrement, la vente est bloquée, l’acquéreur se désiste.
📘 Dans certains cas, la comptabilisation de la cession de fonds de commerce non inscrit à l’actif ajoute un niveau de complexité supplémentaire.
Conseils pratiques pour une publicité conforme et sécurisée
Modèle d’annonce validé par un avocat
Un avocat spécialisé saura sécuriser l’opération par :
Une formulation adaptée
Le respect des mentions obligatoires
L’anticipation des oppositions
Qui s’occupe de quoi ?
Le vendeur publie au JAL
Le greffe s’occupe du BODACC
L’acquéreur vérifie l’ensemble
📘 Lors d’une opération complexe ou urgente, une bonne gestion des formalités liées à la cession de fonds de commerce et formalités est la clé d’un transfert fluide.
Astuce pour gagner du temps et éviter les erreurs
Préparer l’annonce dès le projet de cession
Faire valider le journal par un avocat
Archiver les preuves de publication

Conclusion
La publicité d’une cession de fonds de commerce est bien plus qu’un simple passage dans un journal.
Elle conditionne la régularité de l’opération, protège les créanciers et sécurise juridiquement vendeur et acquéreur.
Chaque étape – choix du JAL, publication BODACC, contenu de l’annonce – mérite d’être soignée.
Des erreurs, même mineures, peuvent bloquer la vente ou entraîner des recours.
Mais avec un accompagnement sérieux, cette obligation devient un levier de transparence et de fluidité.