Êtes-vous éligible ? Les conditions strictes à remplir
Avant d’envisager une liquidation judiciaire, il est crucial de savoir si votre entreprise entre dans les critères.
Cette procédure n’est pas ouverte à tous, et elle repose sur des conditions bien définies, strictes et cumulatives.
Voici ce que vous devez absolument vérifier.

Chiffre d’affaires, effectif, patrimoine : les seuils précis à ne pas dépasser
L’administration a fixé des seuils clairs pour limiter cette procédure aux structures les plus modestes. Trois critères chiffrés sont incontournables :
D’abord, le chiffre d’affaires annuel hors taxes de votre entreprise ne doit pas dépasser 750 000 euros.
Ensuite, vous ne devez pas avoir employé plus de 5 salariés au cours des 6 derniers mois précédant la demande.
Enfin, votre entreprise ne doit pas posséder de bien immobilier inscrit à l’actif.
Une exception peut être tolérée pour les entrepreneurs individuels dont la résidence principale est protégée par la loi.
📘 Pour en savoir plus sur la liquidation judiciaire simplifiée, ses spécificités et les entreprises concernées, consultez notre dossier complet.
Ces seuils visent à réserver cette voie simplifiée aux très petites entreprises, pour qui une procédure classique serait trop lourde à supporter.
La cessation de paiement : une condition impérative
Sans cessation de paiement, pas de liquidation judiciaire. Ce critère est le socle même de toute procédure collective.
Il s’agit d’une situation dans laquelle l’entreprise ne peut plus payer ses dettes à échéance avec ce qu’elle possède en caisse ou en banque.
Cela peut se traduire concrètement par des salaires non versés, des loyers impayés, ou encore des fournisseurs qui coupent les livraisons.
Dès que cette situation est constatée, la loi impose de réagir rapidement, et c’est là que la procédure de liquidation judiciaire simplifiée peut s’enclencher si les autres conditions sont également réunies.
L’impossibilité de redressement : un critère déterminant
Mais attention : être en cessation de paiement ne suffit pas. Encore faut-il démontrer que le redressement de l’entreprise est manifestement impossible.
Cela signifie qu’il n’existe plus aucune solution viable pour relancer l’activité ou céder les actifs à un repreneur.
Cette évaluation se fait souvent en lien avec un expert ou un avocat, et elle repose sur un diagnostic réaliste.
C’est une étape difficile émotionnellement, mais elle est souvent la plus salvatrice pour éviter d’aggraver les pertes.
Cas particulier de l’entreprise individuelle
Les entrepreneurs individuels sont eux aussi concernés, à condition de remplir les critères énoncés.
La présence d’un bien immobilier ne bloque pas nécessairement l’accès à la procédure, à partir du moment où il s’agit de la résidence principale, désormais protégée par la loi.
💡 À noter que la liquidation judiciaire simplifiée et le bail commercial soulèvent des questions spécifiques, notamment en cas de résiliation anticipée.
Une procédure allégée : ce qui change concrètement
La liquidation judiciaire simplifiée n’est pas seulement plus rapide.
Elle a été pensée pour alléger le parcours des petites structures, en simplifiant certaines étapes clés du processus habituel. Voici ce que cela change concrètement pour un dirigeant concerné.
Moins de créances à vérifier, plus de rapidité
Dans une liquidation judiciaire classique, toutes les créances font l’objet d’une vérification minutieuse par le juge-commissaire.
Ce travail, nécessaire mais chronophage, est en grande partie évité dans la version simplifiée. Seules les créances salariales et les créances garanties sont systématiquement contrôlées.
Les autres peuvent être ignorées, sauf si le juge estime qu’un examen s’impose.
Résultat : le processus avance plus vite, car on limite les allers-retours administratifs.
Ce fonctionnement est particulièrement utile aux TPE qui ont souvent peu de créanciers et dont les comptes sont simples à appréhender.
📌 Découvrez les avantages de la liquidation judiciaire simplifiée pour les petites structures.
Vente des actifs simplifiée
Autre accélérateur : le liquidateur peut vendre les biens de l’entreprise sans autorisation du juge-commissaire.
Cela concerne le matériel, les stocks, les véhicules ou encore les droits d’usage. Ce gain de souplesse permet au liquidateur de gérer la liquidation de manière fluide, sans multiplier les démarches judiciaires.
Les fonds récupérés sont ensuite utilisés pour rembourser les créances selon leur ordre de priorité.
Clôture de la procédure : sous 6 à 12 mois
L’objectif affiché de la procédure simplifiée est clair : clôturer rapidement. En principe, la liquidation est terminée en 6 mois maximum.
Ce délai peut être porté à 12 mois si l’entreprise a plus d’un salarié ou dépasse 300 000 € de chiffre d’affaires.
⏱ Pour mieux comprendre les délais, consultez notre article sur la durée de la liquidation judiciaire simplifiée.
Avantages, mais aussi conséquences à anticiper
La liquidation judiciaire simplifiée est souvent perçue comme une issue plus douce. Et en effet, elle présente de réels avantages pour les dirigeants en fin de course.
Mais comme toute procédure, elle n’est pas sans conséquences.
Voici ce que vous devez savoir pour éviter les mauvaises surprises.

Un gain de temps et d’argent pour les dirigeants en difficulté
Le premier avantage, c’est bien sûr le gain de temps. La clôture rapide de la procédure limite les incertitudes et permet de tourner la page en quelques mois, contre plusieurs années dans certaines liquidations classiques.
Ensuite, la réduction des formalités allège aussi les frais de justice.
Moins de vérifications, moins d’interventions judiciaires, moins d’audiences… Pour une TPE avec peu d’actifs, cette simplicité permet de limiter les coûts et de concentrer les moyens sur le remboursement prioritaire des créanciers.
Enfin, cette procédure est moins invasive, notamment sur le plan de la communication : peu de publicité, pas d’interminables rendez-vous au tribunal, et une fermeture plus discrète.
Dessaisissement, licenciements : ce que vous devez savoir
Mais cette rapidité a un prix : le dirigeant est immédiatement dessaisi de la gestion de l’entreprise dès l’ouverture de la procédure.
Le liquidateur judiciaire prend la main sur toutes les décisions, y compris l’accès aux comptes bancaires. Les contrats de travail sont rompus automatiquement dans un délai de 15 jours.
Cette rupture rapide peut être brutale pour les équipes, même si les salaires impayés sont généralement couverts par le régime de garantie des salaires (AGS).
📄 Retrouvez plus d’informations sur les effets de la liquidation judiciaire simplifiée pour le salarié.
Responsabilité du dirigeant : gare aux fautes de gestion
Autre point souvent mal compris : même dans une procédure simplifiée, le juge peut examiner la gestion passée du dirigeant.
S’il estime que des fautes ont été commises (paiements préférentiels, absence de comptabilité, confusion des patrimoines...), il peut engager sa responsabilité.
⚠️ Découvrez les enjeux liés à la liquidation judiciaire simplifiée et l’interdiction de gérer pour mieux anticiper les risques.
💡 D’où l’importance de se faire accompagner très tôt par un avocat ou un mandataire expérimenté, capable d’anticiper ces risques et de défendre votre position.
Cas concrets : que vivent les dirigeants concernés ?
Derrière chaque liquidation judiciaire simplifiée, il y a une histoire. Celle d’un chef d’entreprise qui a tout tenté, puis dû prendre une décision difficile.
Voici trois profils types, représentatifs des entrepreneurs qui peuvent bénéficier de cette procédure.
Julien, boulanger à Montpellier, confronté à une trésorerie en chute libre
Julien, 44 ans, dirigeait une boulangerie avec 4 salariés.
Depuis plusieurs mois, il faisait face à une chute de chiffre d’affaires, une hausse des prix des matières premières et des loyers toujours plus lourds.
À court de trésorerie, incapable de régler ses fournisseurs, il se résout à déposer le bilan. Avec moins de 5 salariés et un chiffre d’affaires sous le seuil des 750 000 €, il remplit les conditions pour une liquidation judiciaire simplifiée.
En moins de 6 mois, la procédure est close. Julien évite une longue période d’attente et peut envisager une reconversion dans la formation avec un minimum de dettes personnelles.
Claire, CEO d’une start-up tech, choisit la rapidité pour protéger sa technologie
Claire, 37 ans, dirigeait une scale-up dans la cybersécurité avec 3 développeurs. Faute de financement, son entreprise se retrouve en cessation de paiement du jour au lendemain.
Plutôt que d’attendre une cession hypothétique, elle opte pour une liquidation judiciaire simplifiée.
💼 La liquidation judiciaire simplifiée et la loi PACTE ont apporté des assouplissements utiles dans ce type de cas.
Patrick, restaurateur multisite, allège ses pertes grâce à une fermeture rapide
Patrick, 55 ans, est à la tête d’un petit réseau de restaurants. Un des établissements, mal situé, accumule les pertes.
Plutôt que de couler toute la structure, il décide de liquider cette société isolée. Le restaurant n’a aucun bien immobilier, emploie 3 personnes, et génère un CA en dessous de 300 000 €.
Patrick opte donc pour une procédure simplifiée, qui permet une fermeture nette et rapide, sans impacter ses autres activités.
Comment bien se préparer ? Nos conseils avant de lancer la procédure
Se lancer dans une liquidation judiciaire, même simplifiée, ne s’improvise pas. Mieux vous êtes préparé, plus vous réduisez les risques et les blocages.
Voici les étapes essentielles à suivre avant de déposer votre dossier au tribunal.
Faites un point rapide sur votre situation financière
Avant toute chose, il faut objectiver la situation. Quels sont vos actifs disponibles ?
Vos dettes exigibles ?
Vos encours bancaires ?
Ce diagnostic express vous permettra de confirmer que vous êtes bien en cessation de paiement, première condition de toute liquidation.
📊 Consultez notre article dédié à la liquidation judiciaire simplifiée dans le Code de commerce pour comprendre le fondement juridique exact.
Consultez un avocat pour vérifier votre éligibilité
Beaucoup de dirigeants ignorent qu’ils ne remplissent pas tous les critères de la procédure simplifiée.
Un avocat en droit des entreprises en difficulté peut vérifier les seuils, les statuts, et anticiper les points de blocage (notamment en cas de bien immobilier mal déclaré ou de créances salariales non traitées).
Rassemblez les documents essentiels
Le tribunal de commerce exige un dossier complet au moment de la demande. Même si la procédure est simplifiée, vous devrez fournir :
Le dernier bilan
La liste des salariés
L’état des dettes et créances
Les contrats en cours
Les éventuelles procédures en justice
💼 La conséquence de la liquidation judiciaire simplifiée varie selon les profils et la qualité de préparation en amont.
Un chef d’entreprise qui anticipe, c’est un dirigeant qui garde le contrôle jusqu’au bout. Même dans la liquidation.

Conclusion
Opter pour une liquidation judiciaire simplifiée permet de gagner du temps, limiter les coûts, et protéger ce qui peut encore l’être, à condition de bien comprendre les critères d’éligibilité.
Le dirigeant doit vérifier ses seuils financiers, préparer ses documents et se faire accompagner au plus vite. En période de crise, agir vite est souvent la meilleure décision.
Si vous êtes à la tête d’une petite entreprise et que votre activité ne peut plus être redressée, il est crucial de savoir si vous remplissez les conditions de la liquidation judiciaire simplifiée.