Liquidation judiciaire simplifiée et bail commercial : une combinaison qui suscite souvent des doutes et de l’angoisse chez les dirigeants.
Que devient le local ? Peut-on continuer l’activité ? Est-ce que le bailleur peut rompre le contrat du jour au lendemain ?
Ces questions sont cruciales lorsque chaque décision compte.
Dans cet article, vous découvrirez ce que la loi prévoit dans ce cas précis : poursuite, résiliation ou cession du bail commercial, obligations du bailleur et marges de manœuvre du liquidateur.
Vous repartirez avec une vision claire pour anticiper au mieux la suite.
Dans cet article …
Bail commercial : que peut décider le liquidateur ?
Lorsque la liquidation judiciaire simplifiée est ouverte, le dirigeant est immédiatement dessaisi.
C’est le liquidateur judiciaire qui prend la main sur tous les contrats, y compris le bail commercial.
Son rôle est d’agir dans l’intérêt de la procédure, c’est-à-dire de maximiser les actifs et de limiter les pertes. Il doit alors décider rapidement du sort du bail.

Poursuite ou non du bail : les critères de décision
La loi lui donne la possibilité de poursuivre le bail si cela permet, par exemple, de finaliser une cession d’activité.
Mais cette décision dépend d’un équilibre : le local est-il réellement utile à court terme ? Y a-t-il une chance de vendre l’entreprise ou le fonds de commerce avec le bail en place ?
Si la réponse est non, la résiliation devient l’option logique.
Pour mieux comprendre les conditions de la liquidation judiciaire simplifiée, il est essentiel de connaître les critères économiques et juridiques que le liquidateur doit évaluer.
C’est une analyse stratégique qui tient compte de la rentabilité du bail, du montant du loyer, et des perspectives de cession. Ce n’est donc jamais automatique.
Délai d’un mois : une urgence souvent méconnue
Le liquidateur dispose d’un délai d’un mois à compter de l’ouverture de la procédure pour se prononcer. Passé ce délai, le bail est réputé résilié de plein droit, sauf en cas de décision contraire expresse.
Ce point est souvent ignoré par les dirigeants, mais il est capital : l’inertie peut coûter cher.
Si aucun choix n’est acté dans le mois, l’entreprise perd l’accès au local, et donc la possibilité d’une cession ou d’une poursuite d’activité transitoire.
Découvrez la durée de la liquidation judiciaire simplifiée et comment ce délai influence les décisions urgentes du liquidateur.
Conséquences pour l’activité si le bail est maintenu
Si le bail est poursuivi, les loyers postérieurs au jugement doivent être réglés, sous peine de voir le bailleur demander la résiliation.
Cela suppose que l’entreprise a encore des liquidités ou que la cession est imminente.
Cela permet parfois de gagner un peu de temps, mais dans la majorité des cas, le bail est rapidement résilié pour éviter des charges supplémentaires.
La résiliation du bail commercial pendant la procédure
Lors d’une liquidation judiciaire simplifiée, la question de la résiliation du bail commercial devient vite centrale.
Elle peut être décidée soit par le liquidateur, soit par le bailleur, selon des règles bien précises. Voici ce qu’il faut savoir pour ne pas subir cette décision.
À l’initiative du liquidateur : protéger les actifs
Le liquidateur peut à tout moment décider de mettre fin au bail commercial, dès lors qu’il estime que cela ne présente plus d’intérêt économique pour la procédure.
Il s’agit souvent d’un choix stratégique visant à éviter des charges locatives inutiles.
Cette approche s’inscrit dans les avantages de la liquidation judiciaire simplifiée qui permettent une gestion rapide et rationnelle des dettes.
Concrètement, si aucun repreneur n’est en vue, si le local est surdimensionné ou trop coûteux, le liquidateur peut résilier rapidement pour préserver la trésorerie restante.
Cette décision n’a pas besoin d’être validée par le juge : elle est discrétionnaire, tant qu’elle respecte les délais et modalités du contrat.
À l’initiative du bailleur : conditions et délais légaux
Le bailleur, de son côté, peut aussi demander la résiliation du bail. Mais il doit respecter un délai minimal de 3 mois après l’ouverture de la procédure.
Ce délai est prévu pour laisser le temps au liquidateur de se positionner.
Pour plus de détails sur les droits du bailleur, consultez les conséquences de la liquidation judiciaire simplifiée.
De plus, la demande de résiliation ne peut être formulée que si le loyer postérieur au jugement d’ouverture n’a pas été payé.
Il ne suffit pas d’un simple impayé antérieur : seul le non-paiement des loyers futurs peut motiver la rupture du contrat par le bailleur.
En résumé : pas de panique immédiate côté locataire, mais une vigilance absolue dès le 1er mois.
Qu’en est-il des loyers impayés ?
Les loyers échus avant l’ouverture de la procédure font partie du passif : le bailleur doit déclarer sa créance dans un délai de deux mois.
S’il ne le fait pas, il risque de perdre ses droits de remboursement.
En revanche, les loyers postérieurs doivent être réglés intégralement s’il y a poursuite du bail. Sinon, cela ouvre la voie à la résiliation.
💡 Un bail commercial ne protège pas le dirigeant de la résiliation, même en procédure simplifiée. Mais bien géré, il peut aussi devenir un levier stratégique pour la cession.

Cession du bail : une option pour valoriser l’entreprise
Même en liquidation judiciaire simplifiée, le bail commercial peut devenir un levier de valorisation. Il peut faire partie des actifs les plus attractifs pour un éventuel repreneur.
Encore faut-il respecter certaines règles strictes.
Cession isolée ou intégrée à une vente globale
Le liquidateur peut céder le bail de manière isolée, lorsqu’un tiers souhaite uniquement reprendre le local pour y développer sa propre activité.
Mais dans la majorité des cas, le bail est intégré à une cession de fonds de commerce ou d’actifs.
En savoir plus sur qu’est-ce qu’une liquidation judiciaire simplifiée et les modalités de cession d’actifs.
C’est une opération stratégique qui peut permettre de sauver des emplois, de rembourser partiellement les créanciers, et surtout d’éviter une perte sèche pour le dirigeant.
Le rôle du juge-commissaire
Toute cession du bail doit être autorisée par le juge-commissaire. Ce dernier vérifie que la vente respecte l’intérêt de la procédure et les droits du bailleur.
La liquidation judiciaire simplifiée dans le code de commerce encadre strictement ces décisions judiciaires pour éviter les abus.
Il peut également aménager certaines clauses du bail pour faciliter la cession, comme la levée d’une clause d’agrément ou de solidarité du cédant.
Clauses à respecter impérativement
Même en liquidation, certaines clauses du bail commercial restent opposables : clause d’agrément du bailleur, droit de préférence, interdiction de certaines activités…
Le liquidateur doit en tenir compte avant toute cession.
Le bailleur ne peut pas s’y opposer de manière abusive, mais il peut imposer le respect des conditions initiales.
💡 Céder son bail dans le cadre d’une liquidation n’est pas une défaite : c’est parfois la meilleure façon de préserver une partie de la valeur créée.
Les droits et obligations du bailleur dans la procédure
Le bailleur commercial n’est pas un simple spectateur dans une liquidation judiciaire simplifiée. Il dispose de droits importants, mais aussi de contraintes précises à respecter.
Voici ce qu’il faut avoir en tête lorsqu’on est propriétaire du local.
Déclaration des créances : à ne pas rater
Dès l’ouverture de la procédure, le bailleur doit déclarer sa créance au passif pour les loyers impayés.
Ce formalisme doit être effectué dans un délai de deux mois, sous peine d’irrecevabilité.
Pour les bailleurs, la liquidation judiciaire simplifiée et loi PACTE a introduit des ajustements visant à fluidifier les procédures et protéger les créanciers.
Quelles garanties pour les loyers futurs ?
En cas de poursuite du bail, les loyers postérieurs au jugement bénéficient d’un traitement prioritaire : ils doivent être payés en temps et en heure, même en cas de trésorerie fragile.
Peut-on s’opposer à la cession du bail ?
Non, sauf en cas de clause d’agrément expresse dans le contrat de bail.
Mais même dans ce cas, le juge-commissaire peut passer outre si la cession respecte l’intérêt de la liquidation.
Cela concerne aussi les droits du salarié en liquidation judiciaire simplifiée si le bail est lié à un emploi direct dans le local.
Cas concrets de dirigeants face à la résiliation ou la cession du bail
Derrière chaque bail commercial en liquidation se cache une histoire personnelle. Certains dirigeants réussissent à tirer parti de la procédure, d’autres l’encaissent comme un choc brutal.
Voici trois cas concrets qui illustrent les différentes issues possibles.
Nathalie, commerçante à Lille, valorise son bail et sauve sa trésorerie
Propriétaire d’une boutique de décoration dans le centre-ville, Nathalie a vu son chiffre d'affaires chuter brutalement après un changement de flux piéton.
Acculée par les loyers impayés, elle entame une procédure de liquidation judiciaire simplifiée.
Grâce à l’intervention rapide du liquidateur, son bail est cédé à une enseigne nationale, qui cherchait une implantation stratégique dans ce quartier.
Résultat : une valorisation immédiate du bail et un allègement significatif du passif. Nathalie, soulagée, évite la faillite personnelle.
Patrick, restaurateur à Toulouse, résilie pour stopper l’hémorragie
À la tête d’un bistrot depuis 12 ans, Patrick subit une baisse de fréquentation et un endettement croissant. Trop endommagé pour rebondir, il choisit de résilier son bail rapidement avec l’appui du liquidateur.
Une décision douloureuse, mais salutaire : elle lui permet d’éviter des charges locatives lourdes et d’anticiper une interdiction de gérer.
Grâce à cette action rapide, Patrick limite les pertes et se prépare à rebondir dans un nouveau projet.
Cette décision peut aussi être motivée par une liquidation judiciaire simplifiée et interdiction de gérer qui pèse sur certains dirigeants.
Claire, fondatrice de start-up à Paris, obtient un sursis stratégique
En difficulté de trésorerie, Claire, dirigeante d’une start-up SaaS, enclenche une liquidation judiciaire simplifiée.
Grâce à un bail situé dans un incubateur prisé, elle obtient du liquidateur la poursuite temporaire du contrat.
Objectif : finaliser une cession partielle de l’activité avec transfert du bail à un repreneur.
Ce délai de quelques semaines a suffi pour sécuriser la vente, protéger son équipe clé… et éviter le dépôt de bilan sec.
💡 Chaque situation est unique, mais avec les bons réflexes, un bail peut devenir une planche de salut au lieu d’un poids mort.

Conclusion
En cas de liquidation judiciaire simplifiée, le sort du bail commercial dépend avant tout des décisions du liquidateur, dans l’intérêt de la procédure.
Résiliation rapide, cession stratégique ou maintien temporaire : chaque option peut être activée, mais dans des délais courts et sous conditions précises.
Anticiper ces enjeux permet d’éviter les mauvaises surprises et parfois de transformer une contrainte en opportunité. En tant que dirigeant, vous avez tout intérêt à comprendre les règles et à vous entourer dès les premières difficultés.














