Le dépôt de bilan SAS avec conséquence pour le gérant est une inquiétude majeure pour tout dirigeant.
Quand la société ne peut plus payer ses dettes, l’étape du bilan semble inévitable.
Et au-delà de la procédure, c’est la crainte des répercussions personnelles qui surgit : responsabilités, interdiction de gérer, voire saisies.
Dans cet article, vous découvrirez ce que vous risquez réellement, comment la loi encadre ces situations, et surtout, quelles actions concrètes vous permettent de limiter les dégâts et de préserver vos droits.

Comprendre la notion de cessation des paiements
La cessation des paiements est le point de départ de toute procédure collective.
Elle se produit quand la société ne peut plus faire face à son passif exigible avec son actif disponible.
Concrètement, cela signifie que la trésorerie immédiate ne suffit plus à régler les dettes dues.
En SAS, c’est le président qui a la responsabilité de détecter cette situation.
Ce n’est pas un choix, mais un constat objectif, souvent fait avec l’aide d’un expert-comptable ou d’un avocat.
📌 Pour bien comprendre les implications juridiques, il est utile de connaître en détail le cadre du dépôt de bilan, qui constitue une déclaration obligatoire en cas de cessation des paiements.
Cette date est essentielle : elle déclenche le délai légal de 45 jours pour effectuer la déclaration de dépôt de bilan.
Dépasser ce délai sans réagir peut exposer le gérant à des sanctions personnelles, même si la société est à responsabilité limitée.
Exemple concret : une entreprise de prestations numériques, structure légère en SAS, voit ses paiements clients stagner.
Le président attend trois mois avant d’agir.
Le tribunal a retenu une faute de gestion pour déclaration tardive, avec une interdiction de gérer à la clé.
Délais légaux et obligations du gérant
Le gérant de SAS, souvent le président, dispose de 45 jours à compter de la cessation des paiements pour déposer le bilan.
Ce délai est fixé par l’article L.631-4 du Code de commerce.
Passé ce laps de temps, l’inaction peut être considérée comme une faute de gestion.
Il ne suffit pas de reconnaître la difficulté financière : il faut agir officiellement auprès du tribunal de commerce compétent.
Cette déclaration déclenche l’analyse de la situation de l’entreprise et l’ouverture éventuelle d’une procédure de redressement ou de liquidation judiciaire.
En tant que représentant légal, le président engage sa responsabilité s’il ne respecte pas cette obligation.
Il doit être proactif, alerter les partenaires (comptable, avocat) et organiser les documents nécessaires.
👉 Dans le cadre spécifique d’un dépôt de bilan en SAS, le respect des délais est capital pour éviter tout risque personnel pour le président.
Pourquoi le dépôt de bilan n’est pas forcément une faute
Déposer le bilan n’est pas un aveu d’échec, encore moins une faute en soi.
En réalité, c’est une démarche responsable quand la situation financière devient critique.
Le droit des entreprises prévoit cette solution pour protéger à la fois les créanciers et le dirigeant.
Le président d’une SAS n’est pas tenu de “sauver coûte que coûte” l’entreprise.
Ce qu’il doit faire, en revanche, c’est respecter les règles.
C’est-à-dire : déclarer rapidement, transmettre des documents fiables, coopérer avec les organes de la procédure.
Les juges le savent : les difficultés économiques peuvent venir de causes extérieures (perte d’un marché, crise sectorielle, impayés…).
C’est le comportement du dirigeant face à ces difficultés qui sera scruté.
📌 Exemple : une société de formation en ligne, gérée en SAS, a été lourdement impactée par une faille technique. Le président a alerté son comptable, déposé le bilan dans les temps et coopéré avec l’administrateur judiciaire. Aucun reproche ne lui a été fait, et il a même pu rebondir ensuite avec un nouveau projet.
Conséquences immédiates après le dépôt de bilan
Dès que le dépôt de bilan est enregistré, un nouveau cadre juridique se met en place pour la SAS.
Le tribunal ouvre une procédure collective : soit un redressement judiciaire, soit une liquidation judiciaire.
Pour le gérant, cela signifie des changements immédiats.
Ouverture d’une procédure collective : redressement ou liquidation
Le tribunal décide en fonction de la situation de la société :
Si elle est viable, il privilégie le redressement judiciaire.
Si elle est irrémédiablement déficitaire, il prononce une liquidation judiciaire.
Dans les deux cas, l’entreprise est placée sous la surveillance d’un administrateur judiciaire ou d’un mandataire.
Le gérant ne peut plus agir seul. Ses pouvoirs sont réduits, voire suspendus.
Blocage des comptes, contrôle judiciaire : ce que vit le dirigeant
Concrètement, les comptes bancaires peuvent être bloqués temporairement.
Les créanciers n’ont plus le droit d’engager de procédures individuelles.
Le président doit remettre tous les documents comptables, répondre aux demandes de l’administrateur, et collaborer de manière transparente.
📌 Ce contrôle n’est pas punitif. Il vise à assainir la situation, évaluer les possibilités de redressement, et protéger les tiers (salariés, créanciers, fournisseurs).
Impact psychologique et professionnel à court terme
Beaucoup de dirigeants vivent cette phase comme une humiliation.
Pourtant, plus de 60 000 entreprises déposent le bilan chaque année en France.
Ce n’est ni rare ni infamant.
Mais pour le gérant, cela peut entraîner :
Une perte de crédibilité vis-à-vis de ses partenaires
Un blocage de projets en cours
Une grande fatigue mentale et émotionnelle
👉 Être bien accompagné dès ce stade change tout. Un avocat spécialisé peut faire la médiation avec l’administrateur, clarifier les règles, et éviter les maladresses.
Responsabilité du gérant : quand peut-elle être engagée ?
Le dépôt de bilan ne déclenche pas automatiquement une mise en cause du gérant.
Mais si certaines fautes sont constatées, la responsabilité personnelle peut être engagée par le tribunal.
C’est là que les enjeux deviennent critiques.
Faute de gestion : qu’est-ce que cela recouvre ?
La faute de gestion recouvre de nombreux comportements que les juges considèrent comme ayant aggravé la situation :
Ne pas avoir déclaré le dépôt de bilan à temps
Continuer à signer des contrats alors que la société est insolvable
Avoir tenu une comptabilité fantaisiste ou absente
Détourner des fonds ou favoriser certains créanciers
Ce n’est pas l’échec qui est sanctionné, mais la manière dont le dirigeant a agi avant et pendant la crise.
📌 Exemple : un entrepreneur, président d’une SAS dans l’événementiel, a attendu plus de 6 mois après la cessation des paiements pour déclarer. Le tribunal a retenu la faute de gestion, avec comme sanction : interdiction de gérer pendant 7 ans et obligation partielle de combler le passif. Une déclaration dans les 45 jours lui aurait permis de bénéficier de la protection du droit des entreprises en difficulté.
Responsabilité pour dettes sociales ou fiscales
Le président peut aussi être poursuivi personnellement pour certaines dettes spécifiques, en particulier :
Cotisations URSSAF si les déclarations n’ont pas été faites
TVA collectée mais non reversée
Sanctions pénales si des infractions sont caractérisées (abus de biens sociaux, par exemple)
👉 Agir avec transparence et rigueur protège dans la grande majorité des cas. C’est l’opacité ou le laxisme qui fragilise.

Peut-on perdre ses biens personnels après un dépôt de bilan ?
La grande peur des dirigeants : “vais-je perdre ma maison, mes économies, mon patrimoine personnel ?” En SAS, la réponse est rassurante… mais sous conditions.
Le principe de séparation des patrimoines en SAS
La SAS est une société à responsabilité limitée.
Cela signifie que le patrimoine personnel du gérant est distinct de celui de l’entreprise.
En principe, les dettes de la société ne peuvent pas être réclamées au dirigeant.
Tant qu’il n’a pas commis de faute, ses biens personnels sont protégés.
Il ne répond pas des dettes sociales, sauf si des garanties personnelles ont été données (caution bancaire, par exemple).
Les cas où la responsabilité personnelle peut être étendue
Il existe des exceptions, et elles sont prises très au sérieux par les juges :
Si le gérant a commis une faute de gestion grave
S’il a confondu les comptes pro/perso
S’il a garanti personnellement certains prêts
En cas de fraude ou de détournement d’actif
📌 Exemple : un président de SAS qui retire chaque mois de l’argent sans justificatif ou qui paie son loyer personnel avec la carte de l’entreprise peut se voir poursuivi sur ses fonds propres.
Comment se protéger efficacement
Le meilleur bouclier reste :
Une comptabilité rigoureuse
Des décisions documentées
Une réaction rapide dès les premières difficultés
L’appui d’un avocat pour éviter les maladresses
👉 C’est moins la forme juridique que le comportement du dirigeant qui fait la différence aux yeux des juges.
Interdiction de gérer : dans quels cas est-elle prononcée ?
Être interdit de gérer, c’est se voir priver du droit de diriger, créer ou administrer une entreprise pendant plusieurs années.
Cette mesure est prononcée par le tribunal de commerce, mais uniquement dans certains cas graves.
Critères du tribunal pour sanctionner un dirigeant
Les juges ne prononcent pas cette sanction à la légère.
Elle intervient si :
Le dirigeant a manifestement aggravé la situation de l’entreprise
Il a délibérément retardé le dépôt de bilan
Il a détourné des fonds, falsifié des documents, ou dissimulé des actifs
Il n’a pas collaboré avec l’administrateur judiciaire
👉 Ce n’est ni automatique ni systématique. Mais elle est envisagée si le comportement du dirigeant a mis en péril l’intérêt des créanciers.
Durée, portée, et conséquences d’une interdiction
La durée de l’interdiction peut aller jusqu’à 15 ans, selon la gravité des faits.
Elle concerne toutes les formes de sociétés : SAS, SARL, SCI, etc.
Cela signifie que vous ne pouvez plus :
Être gérant, président ou associé dirigeant
Créer une nouvelle entreprise
Participer à une direction, même indirectement
Exemples de décisions récentes des tribunaux
Un président ayant organisé la disparition d’actifs dans les semaines précédant le dépôt : interdit de gérer pendant 10 ans
Une dirigeante ayant laissé plus de 200 000 € de charges impayées sans action pendant 8 mois : interdiction de 7 ans
Un gérant ayant tenté de transférer l’activité à une autre société sans payer les dettes : interdiction de 15 ans et comblement de passif
📌 Ce n’est pas la faillite qui est sanctionnée, mais la manière de l’avoir gérée.
Comment limiter les conséquences du dépôt de bilan ?
Face à un dépôt de bilan imminent, certaines décisions peuvent tout changer pour le gérant.
Plutôt que subir la procédure, il est possible de la maîtriser et d’en limiter l’impact personnel.
Agir avant les 45 jours : une obligation salvatrice
Le premier réflexe à adopter : ne jamais dépasser le délai de 45 jours après la cessation des paiements.
Respecter ce délai vous protège :
Des sanctions pour faute de gestion
D’une interdiction de gérer
De toute responsabilité élargie sur les dettes sociales
👉 Un dépôt de bilan anticipé est souvent perçu positivement par le tribunal.
Diagnostic par un avocat : un bouclier juridique
Faire appel à un avocat spécialisé dans les procédures collectives permet :
D’identifier la date exacte de la cessation des paiements
D’évaluer les risques réels pour le dirigeant
De préparer un dossier solide et crédible
📌 C’est aussi lui qui pourra défendre votre position si une faute de gestion vous est reprochée.
Négociation et anticipation : deux armes clés
Même en amont du dépôt de bilan, des solutions existent :
Négocier avec les créanciers pour gagner du temps
Tenter une sauvegarde judiciaire si la cessation n’est pas encore avérée
Rechercher une reprise partielle avec un repreneur ou un plan de cession
👉 Ne pas rester seul et agir vite, c’est souvent ce qui fait la différence entre une sortie de crise réussie… et une sanction durable.

Conclusion
Le dépôt de bilan SAS avec conséquence pour le gérant est une épreuve, mais ce n’est pas une condamnation automatique.
Vous avez vu ici les obligations légales à respecter, les risques à anticiper, et surtout les leviers pour rester protégé en tant que dirigeant.
L’essentiel est d’agir vite, de s’entourer de bons conseils et de ne pas rester seul face à la pression. Chaque étape bien gérée limite l’exposition personnelle et préserve vos chances de rebond.