Vous vous interrogez sur ce que prévoit précisément le Code de commerce concernant la cessation de paiement ?
Lorsqu’une entreprise ne peut plus faire face à ses dettes immédiates, la loi impose un cadre strict... et des délais à ne pas dépasser.
Cet article vous explique en détail ce que dit le Code de commerce, les définitions juridiques essentielles, les obligations du dirigeant et les conséquences possibles si l’état de cessation de paiement est ignoré.

La définition juridique selon l’article L.631-1 du Code de commerce
La loi française ne laisse aucune place à l’interprétation lorsqu’il s’agit de cessation de paiement.
Le Code de commerce, à travers l’article L.631-1, encadre cette notion de façon rigoureuse.
Pour les dirigeants, comprendre cette définition est le premier pas pour éviter des décisions tardives… ou dangereuses.
Il est essentiel ici de rappeler la définition juridique de la cessation de paiement afin de bien saisir l’application de l’article L.631-1 dans les faits.
Le cadre légal de la cessation des paiements
L’article L.631-1 du Code de commerce précise que :
👉 « Il y a cessation des paiements lorsque le débiteur est dans l’impossibilité de faire face au passif exigible avec son actif disponible. »
Ce texte vise à établir un critère simple mais juridique : l’entreprise ne peut plus régler ses dettes immédiates avec ce qu’elle peut mobiliser immédiatement. À ce stade, elle entre dans le champ d’une procédure collective (redressement ou liquidation).
Cette situation d’état de cessation de paiement peut concerner aussi bien les TPE que les grandes structures, et le Code de commerce ne fait pas de distinction de taille pour constater cette réalité.
L’importance de la date de cessation : un repère crucial
Le jour exact où l’entreprise ne peut plus faire face à son passif exigible constitue la date de cessation des paiements.
Elle est essentielle car elle sert de point de départ pour :
Le calcul du délai de 45 jours pour effectuer la déclaration au tribunal
La fixation de la période suspecte, durant laquelle certains actes du dirigeant peuvent être annulés par la justice
Une mauvaise évaluation de cette date peut entraîner des conséquences lourdes, notamment sur la responsabilité du chef d’entreprise.
Encore une fois, bien comprendre qu’est-ce que la cessation de paiement est une base indispensable pour éviter ces écueils.
Qu’est-ce qu’un actif disponible et un passif exigible ?
Pour bien appliquer cette définition, il faut comprendre deux notions fondamentales :
Actif disponible : ce que l’entreprise peut mobiliser immédiatement, sans vente d’actif ni délai. Cela inclut la trésorerie, les encaissements à très court terme, les lignes de crédit mobilisables.
Passif exigible : toutes les dettes arrivées à échéance et exigibles immédiatement, comme les salaires, cotisations sociales, loyers impayés, ou factures fournisseurs.
Lorsque l’actif ne suffit plus à couvrir le passif, l’entreprise est légalement considérée comme étant en cessation de paiement.
Quand et comment une entreprise bascule en état de cessation de paiement ?
La théorie juridique est claire, mais dans la pratique, de nombreux dirigeants ne savent pas précisément à quel moment leur entreprise bascule en état de cessation de paiement.
Ce manque de clarté peut coûter très cher… car le droit n’attend pas que la situation soit critique pour s’appliquer.
Les critères concrets à observer dans la trésorerie
Plusieurs signes doivent alerter immédiatement :
Incapacité à payer les salaires ou charges sociales à leur échéance
Relances répétées de fournisseurs non honorées
Découverts bancaires non renouvelés ou refusés
Refus de paiement des créanciers faute de fonds disponibles
Si ces signaux s’accumulent et que vous devez puiser dans des ressources exceptionnelles (vente d’actifs, emprunts urgents) pour honorer des dettes courantes, la cessation de paiement est probablement déjà effective.
Étude de cas : une PME en difficulté qui attend trop
Une PME spécialisée dans le transport a connu un ralentissement brutal après la perte d’un gros client.
Pendant trois mois, le dirigeant a puisé dans ses réserves, repoussé des paiements, et sollicité de nouveaux crédits. Il pensait tenir jusqu’au retour d’activité.
Mais la trésorerie s’est tarie, les fournisseurs ont assigné l’entreprise au tribunal… et le jugement a fixé la date de cessation de paiement trois mois plus tôt.
Résultat : période suspecte étendue, annulation de paiements, et engagement de la responsabilité personnelle du gérant pour avoir tardé.
Pourquoi la date de cessation peut déclencher des sanctions
Le juge peut remonter jusqu’à 18 mois en arrière pour fixer la date réelle de cessation.
Pendant cette période, tous les actes du dirigeant sont scrutés :
Règlements préférentiels à certains créanciers
Ventes d’actifs sous-évalués
Transferts financiers injustifiés
Ces actes peuvent être annulés, et le dirigeant poursuivi pour faute de gestion.
Il est donc vital d’agir dès les premiers signes plutôt que d’attendre une assignation.
Que prévoit la loi une fois l’état de cessation de paiement constaté ?
Le Code de commerce n’impose pas seulement une définition de la cessation de paiement en droit français.
Il fixe aussi des obligations strictes dès lors que cet état est identifié.
Agir vite devient une obligation légale, pas seulement une précaution stratégique.

La déclaration obligatoire au tribunal dans un délai de 45 jours
Une fois en cessation de paiement, le dirigeant a 45 jours pour en faire la déclaration auprès du tribunal de commerce (ou tribunal judiciaire pour les professions libérales ou les associations loi 1901).
Ce délai commence à partir de la date réelle de cessation, pas à la date à laquelle le dirigeant en prend conscience.
D’où l’importance de bien évaluer sa situation avec l’aide d’un professionnel.
Les conséquences en cas de retard ou de non-déclaration
Ne pas respecter ce délai expose le dirigeant à des sanctions personnelles, parfois sévères :
Interdiction de gérer une entreprise pendant plusieurs années
Faillite personnelle, avec extension du passif sur le patrimoine privé
Actions en responsabilité du liquidateur, si le retard a aggravé l’endettement
Un artisan à Montpellier, par exemple, a attendu trois mois avant de se signaler.
Résultat : liquidation accélérée, perte du fonds de commerce, et demande de remboursement personnel d’une partie des dettes.
Le rôle du tribunal dans l’ouverture d’une procédure collective
Une fois la déclaration déposée, le tribunal vérifie la réalité de la cessation de paiement, puis statue rapidement.
Trois issues sont possibles :
Redressement judiciaire : si l’entreprise peut être sauvée
Liquidation judiciaire : si la poursuite de l’activité est impossible
Réorganisation simplifiée : pour certaines petites structures, selon des critères précis
Dans certains territoires, comme en Afrique subsaharienne, le droit OHADA prévoit également des règles spécifiques, bien que proches dans l'esprit de celles du Code de commerce français.
Ce que le Code de commerce permet pour se protéger légalement
Le droit des entreprises en difficulté ne se limite pas à sanctionner.
Le Code de commerce prévoit aussi des solutions pour préserver l’activité, protéger les emplois et donner une seconde chance aux dirigeants.
Encore faut-il agir dans les règles.
Le redressement judiciaire : préserver l’activité et les emplois
Si l’entreprise a encore une chance de rebondir, le tribunal peut ouvrir une procédure de redressement judiciaire.
Celle-ci permet de :
Geler temporairement les dettes
Protéger l’entreprise contre les poursuites individuelles
Mettre en place un plan d’apurement sur plusieurs années
Pendant cette période, un administrateur judiciaire peut être nommé pour accompagner le dirigeant.
Mais ce dernier garde en général la main, à condition de coopérer activement.
Cela permet de sauver ce qui peut l’être, dans un cadre encadré.
Un gérant de garage automobile à Toulouse a pu conserver ses 5 salariés et rembourser ses créanciers en 36 mois, grâce à un redressement préparé avec son avocat.
La liquidation judiciaire : encadrée pour éviter les abus
Si aucun redressement n’est possible, le tribunal prononce une liquidation judiciaire.
L’activité cesse immédiatement, les biens de l’entreprise sont vendus pour payer les dettes, et les contrats (salariés, bail…) sont résiliés.
Contrairement aux idées reçues, cette procédure protège aussi le dirigeant, à condition qu’il ait respecté ses obligations : déclaration dans les délais, gestion non fautive, coopération avec les organes de la procédure.
Un restaurateur à Nice, ayant déclaré à temps, a ainsi pu éviter toute sanction personnelle malgré la fermeture de son établissement.
La liquidation a été rapide, et il a pu relancer une nouvelle activité un an plus tard.
Le rôle de l’avocat : garantir une procédure conforme et stratégique
Face à la complexité du droit et à la pression des délais, l’accompagnement d’un avocat spécialisé en droit des procédures collectives est un levier stratégique.
Il aide le dirigeant à :
Déterminer le moment exact de la cessation
Préparer un dossier solide pour le tribunal
Choisir la meilleure procédure (conciliation, redressement, liquidation)
Anticiper les risques pour sa responsabilité personnelle
Chez Legal Rescue, nous faisons intervenir des avocats partenaires en moins de 24h, capables d’évaluer la situation et d’agir en urgence pour préserver ce qui peut l’être.

Conclusion
Le Code de commerce encadre avec précision la notion de cessation de paiement, mais il offre aussi des outils pour anticiper, se protéger et rebondir.
Ce qu’il faut retenir : une définition juridique claire, un délai de 45 jours à respecter, et des procédures qui permettent de préserver l’essentiel quand on agit à temps.
Attendre, repousser, espérer sans agir… ce sont les erreurs les plus fréquentes, et les plus risquées.
Si vous pensez être concerné par une cessation de paiement dans le Code de commerce, ne restez pas seul face à l’urgence.